Déclaration du Parti de la gauche européenne (PGE) à l’occasion de la Journée de l’Afrique

Published on: 25.05.2021 News Image

Comme toute l’humanité, la pandémie de la COVID-19 touche l’Afrique. Si la catastrophe épidémique que prédisaient certains n’a pas eu lieu, les conséquences économiques et sociales de la maladie sont particulièrement préoccupantes. La croissance économique du continent est passée de +2,4 % en 2019 à une contraction de -2,8 % en 2020. Cela a constitué la première récession dans la région depuis 25 ans. L’Afrique a subi le contrecoup de la pandémie chez ses principaux partenaires commerciaux, de la perturbation des voyages internationaux et des chaînes d’approvisionnement, et de l’effondrement des prix des produits de base, notamment le pétrole et les métaux industriels. Des millions d’emplois ont été détruits dans le secteur informel qui occupe plus de 80 % des actifs dans la majorité des pays. Alors que la vaccination des populations contre la COVID-19 progresse dans les pays riches et notamment en Europe, sur le continent africain elle est scandaleusement marginale. Seulement 2 % des vaccins administrés à travers la planète ont bénéficié au continent et moins de 1,3 % de la population africaine a reçu jusqu’ici une première dose. L’initiative Covax de l’Organisation mondiale de la santé qui permet de fournir des vaccins aux pays africains connait des difficultés d’approvisionnement à cause du « nationalisme » vaccinal qui fait que plus de 75 % de tous les vaccins ont été administrés dans seulement 10 pays.

En plus de ces conséquences dramatiques de la COVID-19, le continent connait de nombreuses crises aux répercussions importantes sur la paix et la sécurité des populations. En Afrique de l’Est, le remplissage des réservoirs du « Grand barrage de la renaissance éthiopienne » en construction sur le Nil bleu est la cause de vives tensions entre l’Éthiopie et l’Égypte et le Soudan. Au Sahel, après plus de huit ans, la seule réponse militaire aux crises qui secouent la région a montré ses limites. La « guerre au terrorisme » n’a pas arrêté la spirale de la violence. L’armée française et ses alliés européens sont perçus comme des forces d’occupation. La région des Grands Lacs et notamment l’est de la République démocratique du Congo sont déstabilisés par des dizaines de mouvements rebelles qui mènent des guerres de prédation au profit de puissances régionales et internationales.

En Afrique, la promesse de « renouveau démocratique » des Conférences nationales du début des années 1990 est un lointain souvenir. Avec le soutien actif de l’Europe, l’autoritarisme et les dérives dictatoriales deviennent la norme. Les fonds européens servent à financer des simulacres de scrutins qui confortent au pouvoir des autorités corrompues et peu soucieuses des intérêts de leurs peuples. Des puissances européennes notamment la France apportent, comme au Tchad il y a quelques semaines, leur soutien politique et diplomatique à des coups d’État.

L’Afrique a besoin de la solidarité agissante de l’Europe. Pas de vagues promesses et encore moins de solutions inefficaces et d’un autre âge comme celles préconisées par le “Sommet pour la relance des économies africaines” du mardi 18 mai 2021 à Paris. C’est pourquoi, en cette journée de l’Afrique, le Parti de la gauche européenne (PGE) lance un appel pour créer les conditions d’un développement économique endogène, respectueux de l’environnement de l’Afrique. Il exprime son soutien aux forces progressistes qui se battent sur le continent à travers des partis politiques, des syndicats, des associations pour l’édification de sociétés libres, pacifiques, justes et démocratiques. Il exhorte l’Union européenne à honorer ses obligations en matière d’objectifs du développement durable et cesse de soutenir les politiques néolibérales que les institutions financières internationales imposent à l’Afrique.
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Bruxelles, le 25 mai 2021

*** ENG***

Statement of the European Left (PGE) on the occasion of Africa Day

Like all of humanity, the COVID-19 pandemic is affecting Africa. While the epidemic disaster that some predicted has not occurred, the economic and social consequences of the disease are particularly worrying. The continent’s economic growth has fallen from +2.4% in 2019 to a contraction of -2.8% in 2020. This was the first recession in the region for 25 years. Africa has been affected by the pandemic among its major trading partners, disruption of international travel and supply chains, and the collapse in commodity prices, including oil and industrial metals. Millions of jobs have been destroyed in the informal sector, which employs over 80% of the workforce in most countries. While vaccination of populations against COVID-19 is progressing in rich countries, particularly in Europe, on the African continent it is scandalously marginal. Only 2% of vaccines administered worldwide have benefited the continent and less than 1.3% of the African population has so far received a first dose. The World Health Organisation’s Covax initiative, which provides vaccines to African countries, is experiencing supply difficulties due to vaccine “nationalism”, which has resulted in more than 75% of all vaccines being administered in only 10 countries.

In addition to these dramatic consequences of COVID-19, the continent is experiencing numerous crises with significant repercussions on the peace and security of populations. In East Africa, the filling of the reservoirs of the “Great Ethiopian Renaissance Dam” under construction on the Blue Nile is the cause of serious tensions between Ethiopia and Egypt and Sudan. In the Sahel, after more than eight years, the sole military response to the crises in the region has shown its limits. The “war on terror” has not stopped the spiral of violence. The French army and its European allies are perceived as occupying forces. The Great Lakes region and especially the eastern part of the Democratic Republic of Congo are destabilised by dozens of rebel movements waging wars of predation for the benefit of regional and international powers.

In Africa, the promise of ‘democratic renewal’ of the National Conferences of the early 1990s is a distant memory. With Europe’s active support, authoritarianism and dictatorial excesses are becoming the norm. European funds are used to finance sham elections that put corrupt authorities in power with little concern for the interests of their people. European powers, notably France, provide political and diplomatic support for coups d’état, as in Chad a few weeks ago.

Africa needs Europe’s active solidarity. Not vague promises and even less ineffective and outdated solutions like those advocated by the “Summit for the revival of African economies” on Tuesday 18 May 2021 in Paris. Therefore, on this Africa Day, the European Left calls for the creation of conditions for an endogenous, environmentally friendly economic development of Africa. It expresses its support for the progressive forces that are fighting on the continent through political parties, trade unions and associations for the construction of free, peaceful, fair and democratic societies. It urges the European Union to honour its obligations with regard to the objectives of sustainable development and to stop supporting the neo-liberal policies that the international financial institutions are imposing on Africa.
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Brussels, 25 May 2021